Dans l’archipel d’Östergötland (Suède 2017)

Le choix de certaines destinations résulte parfois de considérations purement matérielles. Ce fut le cas pour cet étonnant petit périple en Suède que nous avons organisé simplement parce qu’il existait une ligne Biarritz – Stockholm en low coast, Biarritz étant à deux pas de chez nous. En quelques clics sur Internet nous avons vite découvert qu’il existait, à l’est de la capitale suédoise, une série d’archipels particulièrement propices à la pratique du kayak de mer telle que nous l’apprécions. Sans trop de difficulté, nous trouvons un loueur de kayaks, condition indispensable pour démarrer le projet.

Accès

19 août 2017 : Nous voilà donc partis par un vol Ryanair depuis Biarritz, direction la Suède. Trois heures plus tard, nous atterrissons  à  l’aéroport de Skavsta au sud de Stockholm. Vu la situation de ce dernier nous avons jeté notre dévolu sur l’archipel d’Östergötland qui borde la côte est de la Suède une centaine de kilomètres au sud de la capitale. Composé de près de 9000 îles et îlots de toutes tailles, il s’étend sur environ 60 km du nord au sud. Notre loueur, Kajakparadiset a développé son activité dans un hameau (Santa Anna) situé sur une presqu’île à l’est de Söderkoping, une petite ville de 7000 habitants paisible et typiquement suédoise.

Le centre de Norrköping

De l’aéroport, l’accès à Santa Anna ne pose pas véritablement de problème grâce à un réseau de transports en commun bien développé.  Ainsi, un premier bus, qui passe en moyenne  toute les heures, dimanche compris, nous a emmenés en une bonne heure à la gare routière de Norrköping, une ancienne ville industrielle reconvertie dans les nouvelles technologies et que nous aurons l’occasion de découvrir au retour ( prix du billet : 165 kc ). Après une heure d’attente, un second bus  nous emmena à Soderkoping (60 kc, environ 40 minutes de trajet) ). A noter que le paiement des billets de bus ne se fait que par carte de crédit auprès du chauffeur ou dans le hall de l’aéroport. A Söderkoping, la gare routière étant située à 300 m d’un camping, nous en profitons pour y passer la nuit et faire nos courses tranquillement avant de gagner Santa Anna. Le plein de provisions est fait dans le supermarché local proche du camping et ouvert de 8 h à 23 h même le dimanche ! Celui-ci est particulièrement bien achalandé tant en produits frais (fruits et légumes) qu’en épicerie sèche plus transportable dans les kayaks (pâtes chinoises, fruits secs, oléagineux et d’excellents crackers bourrés de graines et consommables comme encas ou pour accompagner l’apéro, le soir au coin du feu) .

Ce jour-là, il souffle un vent froid malgré le soleil et nous nous réfugions à l'abri d'une cabane de pêcheurs.
Ce jour-là, il souffle un vent froid malgré le soleil et nous nous réfugions à l’abri d’une cabane de pêcheurs.

Le lendemain, pour gagner le site du loueur de kayak qui est un peu loin de tout, il existe un système de taxis subventionnés qui coûte 90sk pour deux soit plus ou moins 10€. Anders, notre loueur s’est chargé de le réserver suite à un mail  que nous lui avons envoyé un ou deux jours auparavant. Il nous récupère à la station de bus, en fin de matinée car les chauffeurs ont un peu des horaires de bureau et ne circulent pas entre 12 h et 14 h. Un petit détour par le camping pour récupérer nos lourds bagages ne lui a pas posé de problème.

Kajakparadiset, au paradis du kayak….

Arrivés à Santa Anna, nous prenons aussitôt contact avec la sympathique équipe d’Anders. Ici, pas de sit and top dans le parc des embarcations ; nous avons vraiment affaire à de véritables kayakistes, qui connaissent leur métier et assure un service de qualité. Il y en a pour tous les goûts et chacun peut trouver le kayak qui lui convient, plastique ou fibre de verre, avec tous les profils possibles. Nous avons choisi de faire classique en réservant 2 Seayaks Prijon à la fois pour le volume et pour le côté « tout terrain » en raison des débarquements qui se font la plupart du temps sur des côtes rocheuses.

Arrivés à Santa Anna, il nous reste plus qu’à charger les kayaks sous l’œil expert d’Anders.

Nos deux kayaks sont déjà prêts. Ce sont des modèles récents très bien équipés (gouvernail, accastillage complet). En plus des pagaies de secours et des paddle float, Anders nous a confié 2 jeux de cartes marines à des échelles différentes (100 000° et 25 000°) avec portes cartes étanches et boussole,  ce qui est indispensable pour s’y retrouver dans ce labyrinthe d’îles. En complément,  Kajakparadiset fournit une petite documentation étanche avec les différents campings, les points d’eau, et les endroits de bivouacs équipés de toilette et de poubelles etc… Il vend aussi des cartouches de gaz primus, de l’alcool pour réchaud et du matériel de plein air. Enfin, il nous a donné ce que nous voulions comme bouteilles PVC pour stocker de l’eau. En effet, on ne trouve de l’eau que dans les petits ports, les campings ou chez les particuliers. Il convient donc d’être assez prévoyant.

Le volume des caissons des Seayaks permet d’emporter de quoi assurer des bivouacs « grand confort ».

Tout cela s’est fait le plus naturellement du monde tant la culture du kayak semble ancrée chez les suédois. Ayant prévu un périple de 10 jours, Anders ne nous a même pas demandé où nous comptions aller et encore moins de le tenir au courant de notre progression, du coup, vers 14 h nous étions sur l’eau prêts pour notre première étape.

Notre périple débute sur une mer d’huile et sans que nous croisions la moindre embarcation.

Une navigation bien particulière

Avant de partir, nous avions dessiné sur google earth une trace gpx représentant approximativement l’itinéraire que nous souhaitions faire en nous aidant notamment de quelques blogs relatant des séjours dans l’archipel. Nous avions donc sur nous un GPS avec ce fil conducteur. Sur un plan technique, il s’agissait d’un téléphone Crosscal Trekker et de l’application Iphigénie (IGN). Au niveau cartographie, pour la Suède ce n’est pas le top mais nous ne voulions pas trop avoir le nez collé en permanence sur un écran. Donc en règle générale, nous nous sommes fiés à la carte et à la boussole, en privilégiant l’improvisation dés qu’un secteur nous intéressait.

Les chapelets d'îles se font plus denses (secteur d'Alnholm)
Les chapelets d’îles se font plus denses (secteur d’Alnholm)

Au début, cela demande un peu d’attention pour bien savoir où l’on se situe, puis cela devient un jeu comme ces labyrinthes que l’on trouve dans les journaux pour enfants. Au final, le GPS n’a pratiquement servi qu’à faire une trace afin d’éviter de passer deux fois au même endroit. Elle est reproduite sur la fenêtre ci-dessous.

Du nord au sud de l’archipel

Santa Anna se situe à peu près au milieu de l’archipel. Nous avons choisi de commencer par le nord en zigzaguant parmi les innombrables îles et îlots et en ne se fixant aucun objectif quant aux lieux de bivouac. Il en existe un certain nombre, équipés de toilettes sèches et d’un petit local poubelles regroupés dans une cabane en bois. Elle peut alors servir d’abri temporaire et très précaire en cas d’extrême mauvais temps. Souvent elles se situent dans les plus beaux endroits de l’archipel et sont indiquées sur les cartes fournies par Anders. Mais il existe bien d’autres petits coins de paradis convenant aux désirs de chacun. D’une manière générale, le camping est autorisé partout. On évitera simplement de planter sa tente trop prés des habitations. De même, il est possible de faire du feu en essayant d’utiliser les foyers déjà existants. Une petite grille est alors bien utile.

Bivouac 4 étoiles sur l’une des îles de Bokö. En arrière plan on devine la cabane qui abrite les toilettes sèches et le local à poubelles.

Dés le deuxième jours nous étions à Arkösund, une petite bourgade touristique mais presque déserte lors de notre passage, la rentrée scolaire ayant eu lieu quelques jours auparavant (vers le 20 août). Nous avons quand même pu compléter notre réserve de produits frais dans le petit supermarché du coin. Nous ne sommes pas allés plus au nord, mais il est probable que les îles y sont aussi très intéressantes. D’Arkösund, nous avons mis le cap au sud pour traverser la partie la plus dense, mais aussi la plus rocheuse de l’archipel. De loin, toutes les îles semblent assez uniformes et notre crainte au départ était de nous lasser un peu des paysages. Ce ne fut pas du tout le cas mais il est assez difficile de dire pourquoi la magie s’opère si souvent dans un décor qui finalement se compose toujours des mêmes éléments : de la forêt, des blocs arrondis par l’érosion et de l’eau. C’est assez fascinant et tellement paisible…

Chapelet d’îles à l’est de Gryt

Certains secteurs de l’archipel sont occupés par des habitations souvent secondaires, car bon nombre d’entre elles semblaient inhabitées. Sur les îles les plus importantes il y a parfois des fermes et il n’est pas rare de partager les bivouacs avec des vaches ou des moutons même sur des îlots ridiculement petits.

A plusieurs reprises nous partagerons nos lieux de bivouac avec des moutons voire des vaches.

Malgré cette présence humaine, l’architecture, assez uniforme, et le soin donné aux jardins , ne dénaturent pas du tout les paysages et nous avons pris plaisir à nous balader dans les rares hameaux qui se trouvaient sur notre route comme ce fut le cas à Harstena.

Harstena est un petit village pittoresque que l’on atteint par un chenal étroit.
Il faut traverser le village à l’architecture bien typique pour trouver la boulangerie-pâtisserie qui est la seule du secteur.

Notre navigation s’est poursuivie plus au sud jusqu’à Ekön où nous avons profité du confort d’un camping durant deux jours de temps incertain. La plupart des campings disposent de petits chalets à louer (de l’ordre de 500 kc pour 4) et de salles hors sac pour se mettre à l’abri et manger au sec. Cela nous a permis de visiter les quelques villages voisins, Fyruden et Gryt. Puis nous avons continué en traversant les îles de Bokö. Une journée de très mauvais temps à marqué la fin de notre descente vers le sud. Nous sommes alors remontés en suivant un chemin différent nous conduisant parfois un peu plus à l’intérieur des terres. A noter que les paysages sont plus forestiers à l’ouest et plus minéraux à l’est.

La partie ouest de l’archipel est plus boisée et les rivages sont souvent bordés de roseaux.

Météo et conditions de navigation

Nous avions choisi le mois d’août car il s’agit de l’un des mois les plus secs et des plus chauds de l’année. Mais en conséquence c’est aussi le mois le plus fréquenté par les touristes, essentiellement locaux. Notre chance est d’être arrivés juste à la fin des vacances scolaires et finalement nous étions la plupart du temps seuls sur l’eau. Mis à part deux journées de pluie, le temps a été plutôt clément malgré une météo plutôt dégradée dans l’ensemble de l’Europe du nord cette année.

Couché de soleil sur l’une des îles de Vänso

Le soir, il pouvait faire frais et nous avons apprécié d’avoir une petite veste en duvet pour profiter du coucher de soleil (vers 20 h 30). Il est possible de se baigner car la température de l’eau, peu profonde, se réchauffe très vite. A noter que l’eau n’est pas très salée mais infestée de méduses qui fort heureusement semblent inoffensives. En tout cas, elle est propre et les déchets et autres plastiques flottant à la surface sont rarissimes.

Probablement en raison du réchauffement climatique, la baltique est ici infestée de méduses (ou pseudo méduses).

Même par temps pluvieux nous avons pu naviguer tous les jours. L’écran formé par les îles empêche d’avoir des mers trop formées et permet de se mettre à l’abri lorsqu’il y a du vent. Il suffit alors de modifier son itinéraire en conséquence. En d’autres périodes il est probable que certains jours ne soient pas navigables mais nous n’avons pas eu l’occasion d’en faire les frais. Cette facilité de navigation permet d’envisager des périples en famille ou avec des personnes débutantes. Nous avons quand même apprécié d’avoir un anorak et un pantalon de kayak le jour où il a tant plu, mais peut être qu’il aurait été plus sage de rester au chaud dans son duvet…

Alors que nous approchons d'Ekudden, un déluge d'eau s'abat sur nous. Pas d'autre solution que de pagayer jusqu'à la prochaine éclaircie qui ne viendra que 3 h plus tard.
Alors que nous approchons d’Ekudden, un déluge d’eau s’abat sur nous. Pas d’autre solution que de pagayer jusqu’à la prochaine éclaircie qui ne viendra que 3 h plus tard.

Anders nous a conseillé deux sites météo qui se sont avérés assez fiables dans l’ensemble (le premier dispose d’une version en anglais et d’une géolocalisation automatique) : www.yr.no et www.smhi.se

En longeant d’assez près les rivages, on découvre une palette de couleurs et de formes extraordinaires.

Ravitaillement et couchage :

Pour le ravitaillement, nous avons bien fait d’acheter le plus gros à Söderkoping, car il n’y a pas beaucoup de possibilités dans les îles et les horaires d’ouverture sont très restreints. On trouve quelques bricoles dans les campings, en dépannage et du pain. Nous n’avons manqué de rien, mais avons apprécié le magret séché et le saucisson apporté de France ainsi qu’un peu de pastis pour l’apéro. En effet, en Suède, la vente d’alcool est très contrôlée et on ne trouve en magasin que des bières titrées à 3,5 degrés, les boissons plus fortes étant vendues en magasin spécialisés et fortement taxées. Sur le reste de la nourriture, les prix sont sensiblement équivalents à ce qu’on trouve en France (un peu plus cher sur les produits frais).

Petite crique dans les îles d’Alnhom.

Le retour

La météo étant mauvaise le jour du départ, nous avons préféré réserver une nuit à l’auberge de jeunesse de Norrköping située à la gare ferroviaire (à côté de la gare routière). C’est un peu cher (860 kc), mais pratique et cela permet d’aller faire un tour dans la ville. Celle-ci est bâtie autour d’un ancien centre industriel (textile) traversé par une rivière importante qui cascade à plusieurs reprises. Les bâtiments ont été transformés en université, en commerces, musées et habitations ce qui donne une seconde vie à ces murs qui devaient être autrefois très austères. La visite vaut le détour.

Le quartier universitaire de Söderköping

Remerciements

Nous tenons à remercier Anders et Ninni de Kajakparadiset  qui nous ont vraiment facilités tout l’aspect logistique et accueillis avec l’enthousiasme et la complicité des gens passionnés.

Bivouac sur une île située juste en face de Fyrudden.

2 réponses sur “Dans l’archipel d’Östergötland (Suède 2017)”

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