Autour des îles Éoliennes (Italie 2016)

Pour les congés d’automne, nous avons choisi d’aller faire du kayak de mer dans les iles éoliennes pour le plaisir de naviguer d’une part, mais aussi pour aller voir de plus près des volcans en activité et découvrir ce que les Siciliens considèrent comme les perles de la Méditerranée. Mais ce projet n’a pu se concrétiser qu’après avoir trouvé une structure disposée à nous louer des kayaks pour une dizaine de jours. Finalement c’est sur Vulcano que nous avons trouvé notre bonheur grâce à Eugenio, un pur kayakiste de mer proposant du guidage autour des iles Eoliennes.
Son site : http://www.sicilyinkayak.com

En effet, il est de  plus en plus compliqué de trouver des kayaks en location car ces structures ont trop souvent rencontré des problèmes de dégradation de matériel. Elles préfèrent donc se limiter au guidage et renoncent à louer leurs embarcations à des personnes qu’elle ne connaissent pas. Dans le cas présent, nous sommes d’autant plus heureux qu’Eugenio, qui nous fait confiance, met à notre disposition des  kayaks en fibre de verre et en excellent état. Ceux-ci, fabriqués en Sicile, se sont avérés rapides, stables et très confortables même s’ils étaient dépourvus de dérive et de gouvernail.

  • Jeudi 20 octobre 2016 :

Après deux vols successifs (Toulouse Rome-Rome Catane), nous arrivons en Sicile vers 18h.Nous avions réservé depuis la France un transfert vers Milazzo sur le site eoliobooking.com. Malheureusement, la veille de partir, l’entreprise se désiste ce qui nous oblige à trouver une solution de dernière minute. Nous la trouvons sans trop de difficulté sur Internet où une autre compagnie propose des départs à heures fixes pour Milazzo pour un prix identique (25 €). Cela semble donc être le tarif en vigueur.

A l’heure prévue, vers 19h15, un chauffeur nous rejoint à l’aéroport et nous conduit à un rythme d’enfer jusqu’à notre hôtel réservé à l’avance à Milazzo. Nous retrouvons Philippe qui, de son côté, a  testé le transfert par bus puis train sans trop problèmes si ce n’est que la gare routière de Milazzo est à plusieurs km du port ou se situait notre hôtel (Cout 12€ ). L’hôtel, qui est plutôt un appartement (réservé sur booking.com pour 55€) est très bien et surtout à deux pas du port. Nous allons manger notre première pizza et notre première glace dans la rue voisine.

Le ferry au départ de Milazzo
  • Vendredi 21 octobre 2016 :

Nous nous levons tranquillement vers 8h. Deux heures plus tard, après un petit déjeuner composé de différentes pâtisseries locales ou domine la pistache, nous prenons un hydrofoil, bateau rapide qui dessert les iles. Il nous dépose sur Vulcano en 1h15. Ayant envoyé un SMS à Eugenio notre loueur, quand nous avons pris le bateau, nous nous avons le plaisir de le trouver  à l’arrivée.

A peine débarqués, nous sentons déjà les odeurs de souffre et apercevons des fumeroles qui jaillissent des hauteurs sur le volcan dominant le village. C’est la basse saison, et l’activité est au ralenti. Beaucoup de commerces et de restaurants sont fermés et les touristes ne se bousculent pas. Au premier contact, Eugenio nous fait bonne impression et son accueil est chaleureux. Nous commençons par aller faire les courses à 50 m du port dans un supermarché qui nous permet de trouver tout ce dont nous avons besoin, sachant que d’après Eugenio, cela sera facile de trouver du ravitaillement sur les autres iles. Nous y trouvons de l’alcool pour notre petit réchaud de secours, et Philippe ira non loin de là acheter de l’essence pour le sien. Contrairement à ce que nous avait dit Eugénio, il semble également possible de trouver des cartouches Camping Gaz (magasin de pêche en face de l’épicerie).

Le petit supermarché de Vulcano

Puis Eugénio nous amène dans son centre afin de choisir notre matériel. C’est un puriste qui bichonne ses bateaux, les protège du soleil, et les manipule avec précaution. Un peu désabusé, il nous comte ses dernières mésaventures lors de locations à des groupes de jeunes pourtant encadrés.

Nous mettons chacun notre kayak sur un chariot fabriqué par ses soins compact et démontable pour aller à la zone d’embarquement.

Préparatifs…

Comme d’habitude, il faut un certain temps pour tout charger, pique niquer aussi et cela nous permet de mieux connaitre ce kayakiste passionné parlant très bien français et qui a apposé sur sa petite paillotte une photo de Bernard Moitessier. Il nous prête les cartes marines, nous donne les informations concernant les meilleurs bivouacs tout cela au son d’une petite compilation de chansons françaises sur le thème de la mer… Une intention bien sympathique…

Il est 15 h passé lorsque nous mettons les bateaux à l’eau. Après un petit tour dans la baie, nous mettons le cap au sud en longeant la cote est. Bien que nous soyons à l’ombre, nous apprécions la variété des paysages et des couleurs, avec des formes typiquement volcaniques. Nous passons devant plusieurs grottes que nous visitons, la mer étant on ne peut plus calme.

1° bivouac au sud de Vulcano (punta dell’Ufala)

Vers 17 h, nous parvenons à la pointe sud de l’ile et juste derrière nous découvrons la petite plage recommandée par Eugenio. Elle est occupée par un restaurant, mais, là, tout est désert. Nous pouvons tranquillement squatter les différentes terrasses qui dominent la plage de sable noir. La nuit tombe vers 18 h. Nous trouvons même de quoi faire sécher nos affaires à l’abri. Il y a aussi des toilettes et de l’eau. Premier apéritif assis confortablement face à la mer et au loin, les reliefs Siciliens.

Camping improvisé sur une des terrasses du restaurant.
  • Samedi 22 octobre 2016 :

Pendant notre sommeil, nous percevons quelques averses. Au matin, le ciel est couvert, mais il ne pleut pas. Nous nous levons à 6h30. Au loin, nous apercevons l’Etna chapeauté par un petit nuage.

Nous embarquons vers 9 h dans une mer hachée qui nous empêche d’aller voir de près les nombreuses grottes que nous rencontrons. Comme la veille, le décor est varié et très marqué par son origine volcanique. En fin de matinée, nous parvenons à porto di Ponente soit juste de l’autre coté de l’isthme ou nous avons démarré notre périple. Nous laissons les kayaks sur la plage et retournons au village ou nous cassons la croute dans un bar en testant différents en-cas à base de riz et en partageant une salade.

Les grottes de la côte ouest de Vulcano

Le ciel est maintenant limpide et nous bénéficions des conditions idéales pour monter sur le cratère.

Un bon sentier gravit en lacets les quelques 400m qui nous séparent du sommet. Arrivés sur la caldera, l’itinéraire traverse un champs de fumeroles qui nous oblige à passer en apnée, les vapeurs nous prenant à la gorge.

Le sentier qui borde le cratère de Vulcano traverse une série de fumerolles à l’odeur de souffre.

La vue sur le cratère est magnifique, et en toile de fond, nous voyons toutes les iles de l’archipel. L’ambiance est surprenante, et le contraste entre le village entouré de verdure et de jardins, colorés par les bougainvilliers et les ibiscus, et le volcan, uniquement minéral, est saisissant. Nous faisons le tour du cratère en flânant un peu au sommet.

Le cratère de Vulcano et en arrière plan la presqu’ile de Vulcanello, puis l’ile de Lipari et tout au fond, l’ile de Salina et ses 2 sommets caractéristiques

Une fois redescendus, et après avoir complété notre stock de victuailles nous montons nos tentes dans les dunes qui bordent la plage. Le coin est sympa, nous sommes un peu isolés, mais nous n’avions pas prévu la présence massive de moustiques qui fondent sur nous dès que la nuit tombe. Nous renonçons à prendre l’apéro sur la plage et nous nous replions sur le port qui semble un peu préservé de ces maudits insectes, sans doute en raison de vapeurs de souffre toutes proches.

Petit campement infesté de moustiques sur la plage de Porto di Ponente

Du coup, nous optons ensuite pour le restaurant puis nous regagnons notre campement pour nous réfugier dans nos tentes respectives.

  • Dimanche 23 octobre 2016 :

Le ciel est bas, les moustiques sont toujours là et nous ne trainons pas pour embarquer. A 8 h30, nous sommes sur l’eau et les premières gouttes nous accompagnent pour la petite traversée vers l’ile de Lipari. Arrivés sur cette dernière, cela dégénère un peu et nous mettons nos vestes de pluie. Heureusement, la mer est plate, et nous pouvons quand même bien profiter de la cote qui est superbe. Nous louvoyons entre des falaises déchiquetées hérissées de pointes de roche noire et des ilots aux parois tantôt torturées, tantôt lustrées voir vitrifiées. La pluie semble exacerber les couleurs qui changent en fonction des strates, témoignages spectaculaires de l’histoire du volcan. Nous passons valle Muria sans nous arrêter, tant il pleut, nous ne sommes pas si mal sur l’eau dans ces conditions. Plus loin, la cote est toujours aussi belle et impressionnante.

Les pitons rocheux à la punta della Crapazza.

Au niveau de la Punta de Cugno Longo, nous nous réfugions dans une grotte pour souffler un peu et échapper à des trombes d’eau. Protégés de la pluie, nous voyons dégringoler des cailloux juste à l’aplomb du porche, ce qui nous conforte dans le fait de ne pas passer trop près des falaises.

A l’abri dans une grotte, nous attendons l’éclaircie.

Après des tunnels et une partie plus uniforme, nous parvenons au nord de l’ile. Il pleut toujours, aussi, nous changeons notre programme et décidons de filer directement sur Salinas, ou il semble faire meilleur.

Au milieu de la traversée (environ 4 km), un bon vent de travers rend celle-ci beaucoup plus pénible que prévu, et nous ne sommes pas mécontents de nous poser enfin à Lingua avec le soleil revenu.

Le village de Lingua sur l’île de Salina

Nous cassons la croute et visitons ce joli petit village un peu désert puis poussons jusqu’à San Marina Salinas ou Eugenio nous a indiqué un endroit de bivouac sympa juste en dessous du cimetière. Nous montons les tentes sur une terrasse qui domine la plage à l’abri de grand cyprès. Nous récupérons un peu et allons ensuite visiter le village, manger une glace, et compléter les vivres fraiches. C’est aussi l’occasion de repérer l’accès avec les kayaks sur les chariots pour aller prendre le ferry lorsque nous irons à Stromboli.

Soirée tranquille. Nous essayons de repérer les éruptions du Stromboli au loin. Les moustiques sont plus rares.

Le bivouac sur Salina
  • Lundi 24 octobre 2016 :

Cette fois ci le grand beau temps semble installé. Nous nous levons vers 6 h 30 et déjeunons face aux iles de Stromboli et Panaréa. Pendant la nuit Philippe assure avoir vu les lueurs des éruptions. Nous avons hâte d’y aller. Mais aujourd’hui les conditions sont bonnes, et le programme, c’est le tour de Salinas. Nous laissons notre bivouac installé et embarquons à 8 h 15 en direction du nord. Après le cap Faro, nous longeons de belles falaises colorées dominées à l’ouest par le cône du Monte di Porri. Un peu plus loin, nous débouchons dans le minuscule port de Malfa, adossé à la paroi. Le village, lui est un peu plus haut, invisible, niché dans la vallée qui sépare les deux volcans de l’ile.

Le petit port de Malfa au nord de Salina

Parvenus à l’extrémité nord ouest, le paysage change radicalement. Nous somme sur le flanc nord du cratère qui s’est complètement effondré dans la mer, formant une sorte de cirque grandiose au fond duquel on trouve le village de Pollara. Il est à peine visible de la mer. Construit au fond du cratère, il domine celle-ci d’une quarantaine de mètres. Au niveau de l’eau, les habitants ont creusé la pierre tendre pour y faire un sentier et des alvéoles pour mettre leurs embarcations à l’abri au dessus de l’eau.

Le village de Pollara est bâti au fond du cratère éventré de l’ancien volcan del Porri.
A défaut de port, juste en dessous, les pêcheurs ont aménagé des cahutes creusées dans la falaise.

La face ouest de l’ile est toute aussi spectaculaire, avec des falaises de plusieurs centaines de mètres de hauteur, sculptées et percées de taffonis aux formes étranges. Des grottes et une belle arche jalonnent ce parcours circulaire autour de l’ancien volcan.

Vers 11h, nous parvenons à Rinella, au sud de l’ile. Le village est situé dans la même vallée que Malfa, entre les deux sommets de l’ile. Ici, les falaises sont moins hautes et le paysage moins encaissé. Nous nous y arrêtons, achetons de gros sandwichs dans un restaurant et allons nous mettre à l’ombre. Après une petite visite dans les ruelles étroites du village, nous reprenons la mer.

Rinella et au fond le monte del Porri.

Le paysage est un peu plus monotone, mais Sandrine agrémente la navigation sur cette mer d’huile en ramassant des bigorneaux pour le repas du soir. A la Punta Grottazza, nous commençons à ressentir le vent d’est qui était annoncé mais dont nous étions protégés. Il forcit au niveau de Lingua puis nous accompagne jusqu’à notre bivouac. Nous retrouvons nos tentes, bullons un peu, et profitons de l’eau courante du cimetière pour nous laver et faire une petite lessive qui séchera bien vite au soleil. Puis nous vidons les kayaks et commençons à les monter vers la route à une cinquantaine de mètre au dessus de la plage, afin de gagner un peu de temps pour aller le lendemain prendre le ferry pour Stromboli.

Au bivouac de Salina
  • Mardi 25 octobre 2016 :

Comme d’habitude, le réveil est matinal. Nous plions le campement et montons les affaires aux kayaks. Le premier test des chariots est concluant et nous arrivons sans encombre au port. Nous profitons du temps qu’il nous reste pour refaire quelques courses et aller prendre des informations sur la montée au Stromboli. Dans la petite guérite du point information, un jeune homme parlant très bien français s’occupe de nous réserver trois place auprès d’une agence, ce qui n’est pas évident, car les plannings des agences sont déjà pleins. En attendant le ferry, Sandrine fait le plein de pignons de pins au pied des arbres de la place du village. Tout est bon à prendre pour agrémenter notre ordinaire.

Dans le ferry, la place ne manque pas pour les véhicules et nos kayak. En tout, nous comptons seulement une dizaine de passagers. L’escale à Panaréa nous convainc qu’il faut essayer d’y revenir au retour, tant cela a l’air joli.

Nous débarquons en début d’après midi et choisissons un coin de bivouac sur la plage à quelques centaines de mètres au nord du port. L’endroit n’est pas très bucolique car nous sommes en bordure d’un cimetière de bateaux et de matériel divers. Mais, ici, nous ne sommes pas loin de la route et un peu cachés des maisons alentours. Nous montons les tentes car nous rentrerons tard ce soir après la montée au cratère.

A Stromboli, il n’y a pas véritablement de port et les embarcations sont remontées
sur la plage à l’aide de vieux bulldozer.

Nous avons rendez vous à 14 h 30 avec « Stromboli di piedri ». Le départ est prévu à 15h . On nous remet un casque. Notre groupe composé d’une trentaine de personnes de tous âges, essentiellement des français, nous effraie un peu. Nous n’avons pas trop l’habitude de ces collectives aux niveaux très disparates et il y a tout de même 800 m de dénivelé. En revanche, notre guide donne tout de suite le ton. Parlant très bien notre langue, avec humour et sérénité, il annonce le programme de la soirée rassurant les uns, et freinant ceux qui voudraient courir dans la montée.

Le sentier longe la crête sommitale du volcan avant de déboucher par un col
à l’aplomb des 3 cratères en activité.

Le cheminement sur un sentier bien tracé se fera quasiment tout le temps à l’ombre au milieu d’une végétation inextricable. Par moment des grondements impressionnants rompent la monotonie de la marche. Notre guide est guilleret :  » c’est l’accueil bienveillant du volcan ». Nous ne sommes bien évidemment pas les seuls sur la montagne et au fur et à mesure que nous gagnons de l’altitude, nous voyons d’autres groupes nous précéder, d’autres nous emboiter le pas et encore d’autres au loin sur la pente sommitale. Mais tout cela est très organisé et les guides communiquent constamment par radio afin d’éviter les bouchons, organisant de nombreuses pauses, l’occasion d’explications variées. Il nous faudra ainsi près de trois heures pour atteindre la lèvre des cratères à la tombée du jour.

Le cratère ouest

A cet endroit commence le spectacle car sur l’autre versant, s’ouvrent les trois cratères en activité, quelques centaines de mètre en contrebas. Nous somme surpris par une première explosion, puis, après avoir longé l’arête nous prenons confortablement position à l’aplomb du cratère Sud-ouest. La nuit finit de tomber et progressivement, nous devinons les lueurs de la lave au fond de ces gouffres impressionnants. Les conditions sont idéales car le vent chasse la fumée à l’opposé de notre observatoire. Les explosions s’enchainent et a peine l’une s’éteint nous guettons avec impatience d’où, des trois cratères, viendra la suivante. Nous restons plus d’une heure à contempler ce spectacle magique et envoûtant.


Nous y passerions bien la nuit, au chaud dans nos doudounes. Mais bientôt, une colonne de lumignons commence à serpenter en direction du village. Il est temps de redescendre… Le sentier du retour est très confortable, et emprunte une grande coulée de cendre noire. Nous arrivons au village vers 21 h et nous nous engouffrons dans la première pizzéria venue. Ce soir, nous nous couchons bien plus tard que d’habitude.

En 1930, une grosse irruption du Stromboli envoya des pierres qui tombèrent jusqu’au village, ce qui entraîna la désertion de l’ile. Vers 1950, le tourisme lié au volcan va redonner vie au village et deviendra pratiquement la seule activité économique de l’ile. En 2014, le cratère nord-ouest s’effondre et libère une coulée de lave (Sciarra Del fuoco) qui coulera jusqu’à la mer de juin à décembre. Les visites reprendront courant 2015.

Le bivouac du Stromboli au milieu des épaves de bateaux.
  • Mercredi 26 octobre 2016 :

Le temps est calme, ensoleillé et sans vent. Bref, les conditions idéales pour faire le tour de l’ile.

Nous embarquons vers 9h en direction de l’ouest. Nous longeons l’extrémité ouest du village faite de jolies maisons blanches adossées à des falaises et des congloméras volcaniques noirs et aux formes torturées. Nous parvenons progressivement à la Sciarra Del Fuoco. C’est un immense cône fait de cendres et de blocs volcaniques qui descendent directement des cratères vus la veille. A intervalles réguliers, nous entendons les grondements du volcan suivi de panaches de fumée et parfois de petit blocs qui roulent jusqu’à la mer. Au centre, la coulée de lave de 2014 est bien visible.

L’impressionnant éboulis de cendre et de la lave de la Sciarra del Fuoco.

Nous prenons le temps d’admirer les caprices du volcan, avançant au ralenti, admirant les contrastes de couleurs avec la végétation qui reprend progressivement ses droits. Mais, notre halte contemplative est interrompue par une vedette des carabineris qui prient les inconscients que nous sommes de bien vouloir prendre nos distances avec la cote. Celles-ci sont normalement de 500m. Nous nous écartons un peu et continuons notre navigation en marche arrière pour profiter encore de cet instant unique.


Nous arrivons finalement à Ginostra, l’autre village de l’ile. Dans le minuscule port, blottis derrière quelques gros récifs noirâtres, nous voyons descendre sur le raide chemin empierré un homme et son âne. Il effectue de nombreux aller et retours pour monter des sacs de ciment vers le village situé 50m plus haut, au dessus d’une falaise. Il n’y a aucune voiture et pas grand monde. La plupart des habitations semblent vides. Nous achetons quelques vivres à l’épicerie bazar et cassons la croute à l’ombre de l’église. Nous allons ensuite flâner dans les petites allées pavées qui desservent les maisons et les jardins potagers. Il fait trop chaud pour aller très loin, et nous redescendons au port. Nous finissons notre tour de l’ile tranquillement.

Le petit port de Ginostra, blotti derrière des récifs de roche volcanique.
On devine les premières maisons du village auquel on accède par un chemin empierré.

Prenant la météo, comme chaque jour, le temps semble se gâter. Sandrine part à la recherche d’un éventuel logement pour la nuit, car si nous aimons le camping, déjeuner et plier le campement sous la pluie ce n’est pas notre tasse de thé quand on peut faire autrement, et cela sera l’occasion de faire un peu de toilette et de recharger le matériel électrique.

Nous trouvons notre bonheur à la première guérite d’agence touristique, près du port. On nous propose une grande chambre avec kitchenette tirons pour 20€ par personne. Nous allons démonter le camp, chargeons les kayaks que nous laissons sur leurs chariots près de l’embarcadère. La pluie ne tarde pas, nous avons fait le bon choix. Bon petit repas plus élaboré que d’habitude grâce aux commodités et aux épiceries bien achalandées

  • Jeudi 27 octobre 2016 :

Il pleut des trombes d’eau en début de matinée, puis le soleil refait son apparition. Le ferry arrive vers 14h00 et restera à quai pendant plus d’une heure, le temps pour les différents camions d’aller décharger leur cargaison et de reprendre d’autres marchandises.

En route vers Panarea. Le ferry est loin d’être plein.

Nous partons vers 15h15 quasiment seuls. Les camions sont sur le ferry sans leurs chauffeurs. Partis sous un franc soleil, nous profitons du pont ouvert pour profiter des paysages et des ilots qui précèdent Panaréa. Cependant il y a des nuages noirs à l’horizon de mauvaise augure.

La jetée de Panaréa. Pas étonnant que le moindre coup de vent interrompe le trafic maritime et nous en ferons les frais le lendemain.

A Panaréa, il n’y a pas vraiment de port protégé, simplement une jetée pour les ferrys avec un bar en arrière plan et une vague plage de gros galets ou attendent quelques petites barques de pécheurs en plus ou moins bon état. C’est là que nous laissons les kayaks avant de partir à la recherche d’un bivouac. Nous en trouvons un idyllique à 150 m au sud du débarcadère sur une pointe rocheuse. Une belle plate forme domine la mer avec en arrière plan la silhouette du Stromboli, et un peu caché du reste du village. Seul hic, nous sommes visiblement dans l’enceinte privée d’un hôtel de luxe fermé. Mais c’est un tel panorama, que Philippe motivé part en reconnaissance pour demander une éventuelle autorisation. Les ouvriers du bâtiment qui travaillent le renvoient vers une charmante responsable qui lui donne son accord de principe, mais nous incitant à aller demander l’aval des carabinéris, car le camping et le bivouac sont théoriquement interdits sur l’ile.


Nous allons voir la météo qui est plutôt mitigée. Pour le kayak, déjà c’est râpé, vue les conditions de mer annoncée, mais surtout, il va peut être pleuvoir. Nous sommes tiraillés, avec un si beau bivouac. Philippe a tout hasard jette un œil sur Internet et trouve un gite sur booking.com. Il est proposé avec une remise promotionnelle de 86 % soit 64€ au lieu de 450. Ça ne se refuse pas et nous oublions notre joli bivouac pour nous réfugier dans un petit studio luxueux avec terrasse et situé pas très loin du port. Cette ile a l’air de concentrer toutes les fortunes de la région. Un premier petit tour du village nous laisse rêveurs devant le standing des propriétés…

Bivouac 3 étoiles. Ici au moins nous serons à l’abri.
  • Vendredi 28 octobre 2016 :

Il a plu durant la nuit. Sur la mer, le mauvais temps est installé et une grosse houle se fracasse avec violence sur les quais du port, mais, cela ne nous tracasse pas trop, car nous avons l’ile à visiter et il fait grand beau. Nous avons découvert qu’il y avait une vrai boulangerie et nous allons acheter de quoi piqueniquer durant notre ballade ainsi que quelque pâtisseries.

Aujourd’hui, pas question de naviguer…

Avant de partir, par acquis de conscience, nous allons vérifier les horaires des Ferrys pour Lipari car nous avons décidé de rejoindre Lipari l’après-midi. Et là, coup de bambou, l’hôtesse nous apprend que tous les ferrys sont annulés jusqu’à mardi 1er novembre. Nous téléphonons à Eugenio pour voir s’il ne connaitrait pas quelqu’un sur Lipari qui puisse nous faire la navette, car sur l’ile il n’y a que de petites barques et nous ne pouvons pas mettre les kayaks dans les hydrofoils qui finiront bien par pouvoir reprendre leur service de liaison. Il promet de se renseigner mai assure que de toute manière la météo va s’arranger et qu’on pourra traverser en kayak dimanche. Nous convenons de reprendre contact en soirée. En attendant, direction le sommet de l’ile, on ne va pas se laisser abattre pour si peu.. Un agréable sentier traverse le village très coquet avec une végétation luxuriante puis il nous amène au point culminant avant de replonger sur la cote sud est très découpée.

La punta Milazzese au sud de l’ile et ses vestiges préhistoriques.

De retour à notre port de départ, la mer est toujours aussi mauvaise et nous visitons tous les petites impasses et les moindres recoins du village, hésitant sur notre bivouac, ayant un peu peur d’être délogés par les carabineris. Mais, il n’y a rien d’aussi bien. Nous nous faisons à manger sur la terrasse fermée d’un restaurant puis allons installer nos tentes juste avant de nous coucher. Eugenio nous a rappelé, il a trouvé un bateau, mais pour 300 € !… Pas pour nous, du moins pour l’instant….

Les squatteurs de Panarea…
  • Samedi 29 octobre 2016 :

Il y a toujours autant de vent et l’accalmie n’est pas annoncée avant ce soir. Heureusement, il fait beau, alors nous passons le temps en nous baladant dans le village et en allant voir quelques fumeroles sur une plage au nord de l’ile. Les Alifax ont repris du service et à chaque voyage l’ile se dépeuple un peu plus. Dans l’épicerie, les rayons sont presque vides, les boutiquent sont fermées ou en train de préparer la saison d’hiver en déménageant les stocks restants. Il ne reste plus que les locaux et des travailleurs visiblement émigrés qui attaquent des chantiers dans de nombreux endroits. Ce soir, nous nous mitonnons un petit ragout de pomme de terres toujours sur le port et nous passons une nouvelle nuit sur la terrasse de notre hôtel en remontant les tentes après le repas.

Dimanche 30 octobre 2016 :

Lever à 6h30. Avec le changement d’heure, il fait encore nuit. Le vent est tombé et nous allons enfin pouvoir quitter l’ile. Nous embarquons sans problèmes à 7h45 et longeons la cote jusqu’à la pointe sud puis c’est la traversée proprement dite, soit 16,6 km. La houle résiduelle nous pousse un peu et il n’y a presque pas de vent.

Le beau temps est revenu, la mer est calme et les fumée du Stromboli montent droit dans le ciel.

Avec quelques petits arrêts pour grignoter des biscuits et des fruits secs, en 2 h et demie nous atteignons la pointe de la Castagna sur Lipari. Puis nous longeons la cote vers le sud jusqu’à la plage de Porticello où une carrière de pierre ponce, aujourd’hui abandonnée, dénature un peu le paysage. Nous soufflons un peu, visitons l’extérieur de cette friche industrielle et cassons la croute sans tenir compte de l’heure encore matinale.

L’arrivée sur l’ile de Lipari et son impressionnante carrière de pierre ponce.

Les conditions étant très favorables, nous décidons de repartir vers le nord pour revoir la superbe cote Ouest que nous avions parcourue dans l’autre sens sous la pluie. Durant la première partie, nous sommes entourés par endroits de morceaux de pierre ponce qui flottent à la surface de l’eau. C’est surprenant…

La côte ouest de Lipari

De nouveau, nous apprécions la variété des paysages et les contrastes de couleurs de cette cote. Vers 13 h 30, nous parvenons à la plage de Valle Muria ou nous avons choisi de poser notre bivouac. Le site est superbe et nous partageons la plage avec quelques touristes venus à pied par un sentier escarpé.

Le bivouac de Valle Muria

A la tombée du jour, une petite bise du nord se lève nous obligeant à sortir les doudounes, alors que quelques heures avant les gens se baignaient. A la nouvelle heure, il est 19h30 lorsque nous regagnons nos tentes. Les 34 km de la journée nous ont un peu fatigués.


Lundi 31 octobre 2016

Nous nous levons avec le jour. Le ciel est clair, la mer est calme et nous descendons tranquillement vers la pointe sud. C’est également une partie très belle, avec arches, ilots et de nombreuses pointes volcaniques qui jaillissent de la mer avec le cratère de Vulcano et ses fumeroles en arrière plan. Notre point de départ est en effet tout proche puisqu’un petit kilomètre sépare les deux iles.


Comme il nous reste du temps avant de rendre les kayaks, nous en profitons pour remonter la cote est et visiter la ville de Lipari que nous ne connaissons pas encore. Par contre, nous nous retrouvons sous le vent, toujours NE et bien marqué. A Lipari, nous débarquons sur une petite plage de sable abritée par le port et à coté d’une place très animée. Contrairement à Panarea qui est désertée l’hiver, Lipari est la plus grande ville des iles Eoliennes et nous offre une animation toute sicilienne. Ça parle fort, avec les mains, ça circule dans tous les sens et on sent qu’il y a une vie pas seulement centrée sur le tourisme.

La Marina Corta de Lipari

Nous laissons nos embarcations et déambulons dans le centre historique de la ville. Nous craquons dans une pâtisserie pour de succulentes glaces et revenons ensuite pour prendre un assortiment de petits gâteaux pour le dessert et quelques parts de pizza. Après avoir piqueniqué sur les bancs du port, nous repartons en début d’après midi, bien repus. La houle et le vent étant toujours là, nous renonçons à aller plus au nord, et rejoignons Vulcano. Ce n’est pas très confortable, mais, nous maitrisons beaucoup mieux le comportement de nos kayaks. Arrivés dans la baie de Vulcano, nous avons cette fois le vent dans le dos, idéal pour profiter de quelques surfs.


A 13 h 30, comme convenu, nous débarquons au centre de kayaks ou nous attend Eugenio. Comme d’habitude, son accueil est chaleureux, et après qu’il ait vérifié que nous n’avions pas abimé ses bateaux, il nous rend notre caution. Nous profitons des commodités pour rincer notre matériel, faire le tri et nous doucher.

Le soir, nous squattons un camping fermé pour limiter. Apéritif sur « nos » bancs au port ou il y a moins de moustiques puis repas au restaurant.

Les hydrofoils relient les iles plusieurs fois par jour avec des temps de trajet relativement courts.Dommage qu’ils soient aussi bruyants.
  • Mardi 1er novembre 2016 :

Nous prenons un des premiers hydrofoils pour Milazzo d’où nous rejoignons facilement Catane. Il y a bien sûr des bus au port avec changement à Messine, mais un chauffeur privé vient nous proposer le transfert direct pour 50 €. A 9 h 30 nous sommes à Catane après un trajet toujours aussi sportif durant lequel le compteur de la Sharan flambant neuve affichait des pointes à 170 km/h.

La Punta del Perciato, au sud de Lipari, et au fond le cratère de Vulcano

Quelques infos sur la logistique :

  • Location des kayaks

Nous avons loué les kayaks à Sea Kayaking Aeolian Islands (http://www.sicilyinkayak.com), une petite entreprise de guidage et de location de kayaks située sur l’ile de Vulcano et tenue par Eugenio Viviani. Nous avons pris contact avec Eugenio 6 mois avant notre départ et en lui faisant un petit état de notre expérience. Nous devions être plus nombreux, cela a du jouer aussi. Nous avons rencontré à Lipari des français pourtant sans doute bons kayakistes qui ont essayé de lui louer des bateaux en dernière minute une journée pour emmener des amis débutants, il a refusé.

Cela nous a couté pour 11 jours (il nous a laissé les kayaks le vendredi alors que c’était convenu le samedi) : 250 € + 30 € de chariot.

  • Transports

Nous sommes arrivés à l’aéroport de Catane et donc il nous a fallu aller à Milazzo pour prendre un ferry en direction des iles. Mais il existe aussi des ferries qui partent de Palerme, c’est à étudier, car les transferts, s’ils sont faciles prennent du temps.

Nous avions loué à l’avance un hébergement à notre arrivée et la veille du départ. Pour le reste c’est facile d’improviser en dehors de la saison haute.

  • Ferrys

Pour rallier les iles il existe des ferrys et des hydrofoils (bateaux rapides). Ces derniers constituent l’essentiel du trafic mais ne prennent pas les kayaks. Les ferries sont plus rares, et dans certaines iles comme Stromboli ou Panaréa, ils peuvent être annulés si la mer est mauvaise. Il faut donc bien anticiper en suivant les prévisions météos.

Les prix des ferries ou hydrofoils tournent autour de 15€ par trajet, les kayaks comptant pour quelques euros seulement.

  • Nourriture :

Dans chaque ile, et même chaque port, il y a au moins une épicerie ouverte même le dimanche avec toujours des fruits et légumes à des prix très abordables. Les boulangeries, les bars ou restaurants proposent une belle variété d’encas consistants type panini, pizza ou spécialités de boulettes de riz fourrées et cela pour un prix très modique. Sans parler bien sûr des glaces et des biscuits artisanaux. Pour la cuisson, nous avons vu des cartouches de gaz à valve à Vulcano et sur Salinas dans des magasins un peu bazar vendant du matériel de pèche et ayant le macaron camping gaz. Nous avons également trouvé de l’alcool dénaturé à l’épicerie de Vulcano.

  • Météo

Durant notre séjour, nous nous sommes principalement servi du site météo que nous avait donné Eugenio : www.windfinder.com
Celui-ci nous a semblé globalement assez fiable.

 

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