La Crête est de toute évidence une belle destination pour le kayak de mer : des falaises impressionnantes, des criques de rêve, des grottes et de charmants villages côtiers où il fait bon manger et boire l’incontournable Raqui. Des amis spéléos et kayakistes occasionnels avaient fini de nous convaincre en ventant le climat et l’accueil exceptionnel des crétois. Pour ce nouveau périple l’équipe traditionnelle s’est un peu étoffée. Nous serons donc 8 à prendre la mer. Il y a bien sûr les habitués (Pierre et Carole, les deux Philippe, Sandrine et Patrick) et pour la première fois, Mazout un bon kayakiste de rivière qui nous sera bien utile dans certaines situations « délicates », David, néophyte en kayak mais pas en sports de pleine nature et Sophie, la compagne de Philippe qui restera sur la terre ferme en partageant quand cela sera possible, certains de nos bivouacs.
Pour l’organisation nous passerons donc par une agence locale (enjoy-crete.com ) pour nous louer les kayaks et nous aider à monter notre périple. Et comme nous aimons bien varier les plaisirs, nous consacrerons un peu de temps à quelques voies d’escalades en début de séjour.
Carnet de bord
Dimanche 18 octobre 2015
(Patrick,Sandrine,Philippe,David, Sophie)
Escalade dans les gorges de Yerisso. Nous avions demandé à Stélios avant d’entamer le périple en kayak le long de la cote sud de faire quelques jours d’escalade pour quatre d’entre nous, éventuellement dans des grandes voies pas trop dures. Il a choisi pour cela des sites près de Chania, proche de l’aéroport où nous arrivions et du point de départ pour notre périple en kayak et intéressant pour grimper à notre niveau.
Il vient donc nous récupérer sur un parking de la ville et accompagné d’Aristote, breveté en escalade et principal équipeur de l’ile, nous partons vers le site qu’ils a choisi. Petit arrêt en route pour acheter de quoi pique-niquer, de l’eau et quelque sucreries. Nous passons la journée en rive gauche des gorges, heureusement en partie à l’ombre, car pour une fin octobre, il fait encore bien chaud. Le rocher est superbe, il y a quelques minutes de marche d’approche et nous sommes seuls avec un grand nombre de chèvres dont les sonnailles nous accompagnent. Les voies sont très bien équipées, à notre niveau, (5+6a), mais, si elles font bien trente mètres, elles n’ont hélas qu’une longueur. Pour nous achever, Aristote nous équipe en moulinettes quelques voies un peu plus difficiles où nous nous explosons les bras.
Le soir, nos guides nous laissent dans le village de Thérisso à quelques km en amont. Stélios nous négocie deux chambres (30 €/ch) dans une sympathique auberge. En cette fin d’après midi une vingtaine de tables sont pleines de familles en train de finir de manger, l’adresse doit être bonne.
Soirée tranquille avec repas en terrasse. Cela s’est bien rafraichi et nous supportons fourrure polaire ou doudoune. Les doses d’Ouzo ne nous semblent pas très raisonnables : 10 cl dans un verre servis avec un grand verre d’eau a coté pour 1,50 €. C’est redoutable, car après nous goutons blancs et rouges locaux, et aucun repas ne se terminera sans le Raki, un digestif local accompagné de quelques sucreries ou fruits offerts gracieusement. Nous sommes seuls et la fatigue de la journée se fait vite sentir. Nuit agitée entre les différents chiens et coqs qui nous réveillent continuellement.
Lundi 19 Octobre 2015
(Les mêmes)
Nous improvisons un petit déjeuner dans nos chambres car il y a café en poudre, plaque chauffantes, un peu de vaisselle et quelque biscuits. Dans le village tout est fermé et personne à la pension n’est réveillé. Nous rejoignons à 9 h Aristote un peu plus bas dans les gorges. En fait nous sommes motorisés pour l’occasion car Sophie, la compagne de Philippe passe le séjour avec nous sans participer à toute nos activités. Elle nous sert de chauffeur à l’occasion, ce qui nous dépanne bien et libère nos guides a qui nous laissons nos sacs avec le matériel pour le kayak. Aristote en profitera les deux jours pour aller rejoindre des copains pour grimper après s’être occupé de nous et il dort dans sa voiture sommairement aménagée.
Il nous emmène cette fois dans un autre site, en rive droite, qu’il a équipé dernièrement. C’est juste au dessus de la route, mais, les voitures sont vraiment rares et le calme règne. Nous retrouvons avec plaisir le rocher magnifique avec de jolies lignes. Nous commençons avec des voies en 4 et 5a bien agréables pour nous échauffer et passons aux choses plus sérieuses avec des 6a et 6a+ bien soutenus de 30m.
Vers 14h, nous en avons hélas déjà plein les bras et comme le soleil commence à cogner sérieusement nous abandonnons, quittons Aristote après avoir échangé nos adresses s’il vient grimper en France, et prenons la direction de Paleochora.
Il nous faut environ, 2 h pour rejoindre cette jolie petite ville. Nous trouvons des chambres pour nous tous chez une gentille grand mère. Elle nous accueille avec orangeade et biscuits maison pour nous souhaiter la bienvenue. La encore, il y a frigo, vaisselle et plaque chauffante, comme dans la plupart des chambres que nous louerons et les prix sont de 15€/p. Nous avions fait des recherches sur internet, en arrivant sur le port, mais après coup, nous nous rendons compte qu’il suffit de demander au hasard en négociant éventuellement ou d’attendre que quelqu’un nous propose un logement. Nous sommes en basse saison. Nous échangeons quelques sms avec les 4 autres compères qui doivent nous rejoindre dans la soirée. Pierre et Carole ont trouvé une chambre de leur coté et nous rejoindrons pour l’apéro. Comme il est encore tôt, nous en profitons pour commencer à faire les courses pour la suite. Le village est bien équipé, avec plusieurs épiceries, des boulangeries avec beaucoup de pâtisseries et biscuits salés ou sucrés, une banque, pharmacie et marchands de fruits et légumes. Nous trouvons de l’alcool pour notre réchaud canette qui complète ceux à essence plus efficaces lorsqu’il s’agit de cuisiner pour 8. Nous notons qu’il y a aussi des cartouches de gaz classiques à perforer et d’autres qui se clipent. Le soir Mazout et Philippe2 en provenance des gorges de Samarias nous rejoignent après avoir eu un peu de mal à nous trouver ainsi que Pierre et Carole qui ont été plutôt sur la cote ouest. Apéro dans une des chambres, et nous trouvons un restaurant à coté ou nous dégustons un assortiment d’entrées et de plats traditionnels : lapin, moussaka et autre spécialités..
Mardi 20 Octobre 2015
Le vent s’est levé, et la mer est agitée. Pas de pression, on verra ce que nous dira Stelios avec lequel nous avons rendez vous à 10 h. Il nous donnera la météo tout au long du parcours, et nous sommes en vacances, de toute manière on est là pour se faire plaisir. Nous déjeunons de patisseries ,allons terminer les course : pain, fromages, légumes et fruits. Espérons qu’on pourra partir…
Il arrive un peu en avance directement d’Héraklion ce qui lui fait plus de trois heures de route. Nous découvrons les kayaks qui nous font très bonne impression. Il a prévu tout le matériel de sécurité nécessaire et quelques sacs étanches en plus au cas ou.. Il nous donne aussi un téléphone portable grâce auquel nous pourrons échanger des sms pour la météo et ses conseils de navigation. Nous étudions la carte avec lui, il nous indique les différents bivouacs et surtout les zones ou en fonction de la météo, il y a des couloirs ou les vents catabatiques s’engouffrent et peuvent devenir dangereux car imprévisible et très violent… En fait, les conditions de navigation locales n’ont pas l’air aussi faciles que nous ne le pension ou bien est ce lui qui est un peu inquiet… Malgré tout, pendant nos préparatifs le vent tombe un peu et nous pouvons embarquer…
Vers 11h15, tout est chargé, après avoir renoncé à quelques affaires comme sièges, corde d’escalade, vêtements, bouquins, jeux de cartes…. Nous achetons des sandwichs à la boulangerie voisine pour un prix ridicule, et du coup, avec quelques fruits et sucreries , le pique nique est assuré, sans compter deux thermos pour un café ou une soupe… Nous prenons la mer, laissant Sophie qui nous rejoindra en fonction des escales si c’est possible. La houle reste marquée, d’autant plus que le vent a viré à l’ouest. Au premier cap, la mer est bien agitée et la mise en jambe pour les moins aguerris est rude. Nous atteignons Sandy Beach une heure plus tard mais trop contents d’être sur l’eau, nous décidons d’aller faire une reconnaissance un peu plus loin afin de nous rapprocher du cap au cas ou il y aurait une autre plage. Malheureusement, il n’y en a pas et nous faisons demi tour avec le vent de face pour nous poser à Sandy beach vers 14h15. L’après midi est consacré à quelques exercices en kayak pour les uns, sieste ou essai de snorkeling pour les autres, lecture….
En fin de journée, lorsque nous décidons de monter les tentes, la météo dégénère avec de grosses bourrasques de vent et de la pluie… C’est un peu la panique mais cela permet de repérer les mares qui se forment ça et là et comme par hasard, dans les endroits qui semblaient les plus accueillants…. Comme si nous n’avions pas d’expérience dans ce domaine… Heureusement, les températures restent clémentes. Au bout de la plage un genre de paillotte sert en journée boissons et encas. Il y a des tables et des bancs. Nous nous y installons pour nous remettre de nos émotions une fois l’orage passé. Après l’incontournable petit ouzo accompagné de quelque amuses gueules nous préparons notre repas. Sophie peut même nous faire une petite visite car une route passe pas loin.
Mercredi 21 Octobre 2015
Le vent est retombé et la mer est calme. Le ciel est gris mais pas menaçant. Nous nous levons à 6h30. Il fait encore nuit. En 1h30, nous sommes prêts à embarquer avec le jour qui se lève. Nous sommes tous rodés à la manœuvre et, malgré le nombre, efficaces. Nous longeons la côte, cette fois ci sans la houle, et profitons du paysage. Après une première partie le long de gros blocs effondrés, nous parvenons aux falaises qui bordent le cap, le contournons facilement et arrivons après deux heures de navigation à Lyssos, petite crique sauvage entourée de falaises. Nous nous y arrêtons pour aller visiter des ruines et faire une petite ballade en prenant de l’altitude. Un sentier qui suit une partie du littoral permet de profiter de la vue. Sandrine sort masque, palme et tuba pour voir si les fonds sont beaux.
A midi, nous faisons une grosse salade complétée par du boulgour qui nous cale pour la suite. Nous prenons ensuite la direction de Sourgia. Le vent se lève peu à peu et de gros nuages noirs surgissent à l’ouest. Nous n’avons pas encore atteint le cap suivant que le tonnerre commence à gronder. La pluie nous rattrape ensuite alors que nous approchons de la plage et nous débarquons sous des trombes d’eau devant un restaurant dont la terrasse abritée nous sert de refuge. Nous nous changeons et allons boire quelque choses de chaud à l’intérieur .
Un peu réchauffés, nous voyons défiler les randonneurs dégoulinants qui reviennent de Lyssos par le sentier côtier. Ils font peine à voir, complètement trempés avec pour certains aucun vêtement de pluie .
Il est trop tard et nous n’avons pas assez d’énergie pour aller plus loin une fois l’orage passé, aussi, nous installons nos tentes sur la plage dans un secteur avec quelques arbres ou des touristes allemands campent ou ont stationnés leurs campings cars. Comme sur beaucoup de plages, il y a quelques douches et un point d’eau, ce qui est bien pratique. Le contact avec Stelios n’est guère encourageant car la météo des prochains jours semble exécrable… On verra demain. Repas au resto ou comme toujours nous sommes conquis par la cuisine servie et l’accueil.
Jeudi 22 octobre 2015
Le vent s’est levé dans la nuit et atteint force 5 au matin. Pas question de prendre la mer. Du coup, nous déjeunons tranquillement. Nous arrimons solidement les kayaks aux arbres et aux tentes. Nous passons ensuite à la boulangerie acheter quelques spécialités salées et sucrées, prenons quelques fruits, tomates, poivrons et thermos et partons faire une randonnée en direction de la grotte de Polyplion. Le cheminement se fait sur un vaste chemin carrossable qui serpente entre les enclos de chèvres et les oliviers puis nous suivons un sentier qui prend de la hauteur et longe la mer en balcon passant à travers des forets clairsemées de pins. La vue est très belle et nous pouvons deviner ce qui nous attend pour les prochains jours.
Pour accéder à la grotte, nous faisons un large détour qui nous amène au bord d’un grand ravin qui plonge vers la mer. La cavité que nous trouvons ensuite n’a rien d’extraordinaire, mais le site est beau et nous trouvons un endroit confortable pour nous restaurer. Nous continuons le sentier qui monte et tombons bientôt sur d’énormes dolines aux parois verticales que nous prenons plaisir à explorer à la recherche de quelque continuation prometteuse. Le virus de notre passion première, la spéléologie, reprend le dessus, alors que nous somme la pour justement changer d’activité. Nous trouvons quelques trous marqués et quelques départs pas bien engageants.
Nous redescendons ensuite par un autre sentier sur le village à l’aplomb de l’antenne. Re resto…
Vendredi 23 octobre 2015
Durant la nuit, nous essuyons deux orages violents. La tente prend un peu l’eau, mais résiste finalement assez bien au vent. Nous nous levons à 6 h pour profiter d’une éventuelle petite fenêtre météo. Il fait nuit, bien sur, et le ciel est chargé. Embarquement 1h30 plus tard, précédés par un orage qui laisse entrevoir au loin de forte averses. Nous comptons nous arrêter à Aagios Antonios, près d’une petite église isolée en bord de mer, mais, il n’y a pas vraiment de plage et, la mer est trop houleuse.
A Agios Nikolaos, nous faisons une petite pose pour manger quelques sucreries sans pouvoir débarquer. L’orage est toujours devant nous et un autre nous suit de près. C’est un peu chaud, la foudre en mer n’est pas conseillée. Nous repartons et approchons de la plage de Dhomata au débouché des gorges de Kladhou. L’endroit est superbe, les couleurs de la mer sont magnifique allant du bleu clair à l’ocre. C’est tentant de s’arrêter, mais, l’accostage parait difficile, il y a de gros rouleaux et nous préférons aller vers la seconde plage, un peu plus loin. Lorsque nous arrivons en face d’elle, nous hésitons, car il y a aussi de gros rouleaux, mais l’orage arrive sur nous, le vent s’intensifie, il pleut à seau, et la houle hachée devient très mauvaise. Mazout se lance pour faire une tentative de débarquement et, à l’arrivée, il dessale dans les rouleaux. Nous hésitons peu de temps car la suite vers le cap semble redoutable… Il faut se lancer et les uns après les autres, nous fonçons vers la plage. Les premiers arrivés essaient d’aider les autres à accoster. Sandrine se fait rattraper par une grosse vague qui propulse son bateau à la verticale. La chandelle parfaite. Elle préfère s’éjecter de peur qu’il ne lui retombe dessus. Heureusement, il n’y a pas de casse. Nous tirons un peu les kayaks et allons nous abriter sous de gros blocs abrités du vent.
Une petite boisson chaude grâce aux thermos nous requinque un peu. Nous contactons Stelios par sms et il nous conseille de rester là pour la soirée, et d’essayer de partir le plus tôt possible le lendemain pour passer le cap avant que les conditions ne se redégradent de nouveau et ceci pour plusieurs jours.
Rapidement, la pluie s’arrête et le soleil vient nous réchauffer et donner une belle luminosité à cet endroit. Nous sommes bien contents d’en profiter pour cette soirée, et on verra la suite demain. Nous nous installons plus loin dans une petite cavité sommairement aménagée avec du bois flotté. On tend des fils pour sécher les affaires et chacun trouve une place pour sa tente. Soirée agréable face à la mer qui se calme peu à peu.
Samedi 24 octobre 2015
Réveil à 6h. Le ciel est étoilé, il n’y a pas de vent et les rouleaux sont moins forts. L’embarquement est toujours aussi folklorique et on aide chacun à partir en poussant les bateaux. Malgré tout, Patrick se fait renverser avant de réussir à sa deuxième tentative. Mazout se dévoue pour partir le dernier en commençant par nager en tirant son kayak. Passé les premières vagues, nous l’aidons à remonter dans son bateau. Ouf, nous soufflons un peu, contents de pouvoir repartir, profitant d’une mer agréable à naviguer.
Nous arrivons à Agia Roumelli vers 9h00. La mer est calme et le ciel lumineux. Stélios a bien insisté pour que nous n’allions pas plus loin, même si la mer nous semblait engageante car au cap suivant nous risquons d’avoir une zone de vents catabatiques très violents.
Nous prenons un petit jus d’orange frais à la première terrasse, rangeons et arrimons les kayaks entre eux en prévision des prochains vents annoncés. Nous partons ensuite à la recherche de chambres. Pas de problème pour trouver de quoi se loger pour 10 € chacun. Du grand balcon faisant tout le tour de l’étage ou sont les chambres, nous pouvons profiter de la vue et nous retrouver pour l’apéro. Il y a peu de monde dans le village qui est pourtant au débouché des célèbres gorges de Samaria. Mais celle-ci sont fermées à cause de la météo qui pourrait occasionner des chutes de pierres.
Nous pique-niquons sur le balcon après avoir acheté quelques vivres et allons ensuite faire une belle ballade au dessus du village en montant vers le fort qui domine la baie. Le soir il fait toujours aussi beau, pourtant, au nord de l’ile c’est déjà la tempête dont nous aurons des échos ensuite par Sophie qui s’y était installée. Nous serions bien allés plus loin, mais nous nous faisons une raison… Nous sommes en vacances, il fait beau et nous allons profiter de la soirée dans un restaurant ou Mazout a passé la journée pour mettre à jour son blog. C’est la fin de la saison, ils vont fermer dans quelques jours et il n’y a plus que deux plats sur la carte : agneau et moussaka. Avec une salade grecque, boisson, dessert et digestif nous en avons pour 8 €. A 21h nous sommes au lit, nous avons refusé les multiples tournées de raki proposées par le restaurateur. Trop c’est trop… Vers 4h30, le vent se lève brusquement et de violentes rafales nous réveillent…
Dimanche 25 octobre 2015
Cette fois ci, nous avons de bonnes raisons de ne pas naviguer. Visiblement, le vent souffle à 6 voir 7 beaufort. Nous prévoyons donc de quitter Aghia Roumeli par le ferry de 16h30 qui nous déposera avec les kayaks dans le port de Loutro. En attendant, nous avons largement le temps d’aller visiter les gorges d’Elighia. On les atteint par un sentier qui longe le rivage en allant vers l’est. Elles sont moins spectaculaires que celles de Samaria, mais la randonnée est agréable au milieu des pins et des cyprès. Nous remontons jusqu’à un espèce de verrou qui barre le canyon à 700 m d’altitude.
Au-delà, le sentier continue dans un défilé qui semble plus étroit. Nous avons une belle vue sur la mer et profitons d’être à l’abri du vent pour casser la croute. A notre retour à Ahgia, le vent est toujours fort. Nous embarquons les kayaks sans problème et le patron de la taverne de la veille nous donne deux bouteilles de 5 l de jus d’oranges pressées qu’il a sorti de son congélateur à cause de la fin de la saison touristique. Une fois sur le bateau, nous en proposons à nos voisins et faisons le plein de vitamines. Nous profitons de la vue sur la cote désertique très belle et regrettons encore de ne pas avoir pu la longer en kayak, d’autant que le vent a l’air d’être un peu moins fort…
Du coup, arrivés à Loutro, nous décidons d’enchainer directement par une petite navigation jusqu’à Likos ou nous espérons trouver un bivouac. Il faut faire vite car il est 17h30 et la nuit est presque là. Ici, la mer est calme. Rapidemment prêts, nous partons mais c’est dans la pénombre que nous cherchons une première plage ou accoster. Nos copains spéléos nous ont indiqués ici un gîte tenus par des amis, mais de nuit, nous ne voyons pas grand-chose et, guidés par des lumières de la côte, nous repartons un peu plus à l’est sur la baie de Finikras.
Nous n’avons plus l’énergie pour chercher un bivouac dans la nuit, et une jolie pension avec balcons face à la mer nous parait la meilleure des solutions. Sandrine va s’informer des prix, et revient en annonçant que ce sera 20 € la chambre comme nous sommes nombreux. Le temps de s’installer tout ragaillardis, nous redemandons malgré tout confirmation, et cela devient 30 €. Pas contents, car ce n’est pas la première fois que cela nous arrive nous boycottons le restaurant et faisons notre petite popote sur les deux grands balcons de nos chambres. Et avec le jus d’orange et le raki, nous avons de quoi faire de subtils mélanges.
Lundi 26 Octobre :
Le temps est superbe, la mer est d’huile. Après un copieux petit déjeuner nous embarquons pour aller faire des courses et découvrir le village de Loutro. L’arrivée est très jolie avec les façades toutes blanches donnant sur une minuscule plage. Il n’y a pas encore beaucoup d’activité, bien que cela soit un lieu très touristique. Le village est tellement concentré que tout se transporte grâce à des brouettes ou des diables dans la seule ruelle qui traverse les différentes terrasses. Nous trouvons les deux épiceries plutôt pas mal achalandées, mais nous ne sommes pas très difficiles (des fruits et légumes du pain et de l’apéro). Arrêt pour un petit café en terrasse en contemplant la baie et nous repartons pour aller nous installer à la sortie des gorges d’Aradena.
Après avoir fait cuire 500g de féculant pour la salade composée de notre pique nique, nous prenons un peu de temps pour nous baigner, explorer les grottes marines, retourner en arrière en direction d’Aghia Roumelli, car la portion ou nous sommes autour de Loutro reste toujours protégée des vents du nord grâce à la haute montagne qui la surplombe. Mazout fait aussi travailler les motivés pour des esquimautages avec différentes techniques. Pierre et Philippe restent les derniers à faire le spectacle.
Le soir, repas bien sympa dans la petite gargote qui domine la plage du haut d’une petite falaise. Nuit sur les transats de la plage à la belle étoile après avoir eu l’accord du restaurateur…
Mardi 27 octobre :
Il fait très beau mais plus à l’est, nous voyons au loin les nuages venant du nord qui se déversent à partir de brèche entre les différents massifs qui dominent la cote. La bas, la météo annonce des vents force 7 ou 8, mais, ici, nous sommes protégés…
Nous démarrons donc la randonnée des gorges tôt, bien avant l’arrivée des bateaux qui font la navette de plagistes et de randonneurs. Le départ est très encaissé, puis il s’évase un peu pour devenir de nouveau abrupte. Nous sommes seuls et c’est bien agréable. Par moment, des escaliers aériens font prendre rapidement de l’altitude en contournant d’énormes blocs ou pour éviter des ressauts verticaux. Partout, des grottes, des parois aux couleurs variées.
Vers la fin, nous passons sous le pont d’Aradena perché à 140 m au dessus de nos têtes. Le passage des véhicules sur les bastaings déclenche un grondement inquiétant qui résonne loin dans le défilé. Ensuite, c’est plus débonnaire, et nous commençons à croiser des groupes qui descendent la gorge. Deux beaux chemins empierrés permettent ensuite de rejoindre le plateau de chaque coté du canyon. Nous prenons celui en rive droite pour aller visiter le village partiellement en ruine. La vue sur les gorges est superbe et la traversée du pont métallique impressionnante. Nous rejoignons ensuite la plage d’où nous somme partis par le plateau quelque peu désertique puis en passant par le petit village Luaniona qui domine Lycos.
Nous parvenons à Marmara Bay en début d’après midi un peu fatigués par cette grande boucle. Ceux qui rejoignent le bar sont obligés d’accepter une tournée de raki ce qui ne leur redonne pas vraiment de l’énergie. Ensuite, ça bulle un peu…Nous avons toujours l’auberge qui nous a été recommandé à likos, la baie ou nous avions cherché un bivouac de nuit. Nous sommes bien tentés de changer de coin pour la nuit. Sandrine et David qui ont été raisonnables sur le raki ont encore de l’énergie pour aller faire une reconnaissance. Ce n’est pas très loin, et avec les talkies walkies, on pourra rester en contact. Nous sommes accueillis chaleureusement par Pablo le fils de Yourgos et de Maria, et sommes obligé d’accepter un verre de ce maudit raki en gage de bienvenue. Tout le reste de l’équipe rapplique ensuite. Pas de problème pour squatter la mini plage ou les abords de la maison pour la nuit en profitant des sanitaires mais nous ferons les honneurs aux spécialités du restaurant. Pablo qui parle quelques mots de français prend des nouvelles de nos amis habitués des lieux et multiplie les tournées d’alcools divers. Nous battons en retraite en prétextant un lever matinal. Nouvelle nuit sur les transats, c’est très pratique…
Mercredi 28 octobre :
Il fait toujours beau où nous sommes, mais le vent est toujours annoncé force 6 ou 7 après Chora Skafion. L’étape sera donc courte. Nous pagayons tranquillement, faisons un arrêt pour acheter du pain à Loutro puis faisons du rase cailloux jusqu’à la plage de Ghlika Nera et ses sorties d’eau douce qui refroidissent franchement la mer. Nous y restons le temps de manger et de flemmarder un peu.
Nous repartons avec plus de vent, mais contournons deux petits caps sans problème avant de découvrir la belle plage d’Iligas bordée de grosses grottes et sa sœur jumelle plus sauvage située une centaine de mètres plus loin. Mais bivouaquer dans cette dernière risquerait de nous poser problème pour repartir le lendemain si la météo se dégradait… Bien que le vent soit fort, nous allons malgré tout jusqu’à Chora Skafion. Mazout et Philippe veulent voir les horaires des bus pour leur départ du lendemain. Nous arrivons à visiter quelques jolies grottes sur le parcours qui sont à l’abri du vent et de la houle. Arrivés sur la plage du village il y a pas mal de monde sur le sable. Nous parvenons à caser les kayaks dans un coin et partons faire un tour. C’est très touristique et la rue principale est bordée de restaurants et commerces au personnel racoleur. Le changement d’ambiance est brutal et nous ne trainons pas trop avant de repartir. A notre retour sur la plage, les derniers touristes remballent leurs affaires et nous nous retrouvons bientôt seuls pour profiter de cette belle soirée. Les grands abris sous roches nous dispensent une nouvelle fois de monter la tente pour certains. Sophie nous a rejoints en fin d’après midi. A l’heure de l’apéro, nous voyons passer un phoque juste devant la plage, une chance, car ils sont plutôt rares par ici.
Jeudi 29 octobre :
Le ciel est couvert et le vent n’est pas encore établi. Nous rejoignons Skafion vers 9h. Philippe et Mazout repartent aujourd’hui dans l’après midi, tandis que les autres vont visiter les gorges d’Imbos. Philippe nous conduit à l’entrée de ces dernières en voiture et repart pour passer la journée avec Sophie.
Au départ des gorges, nous sommes presque obligés d’enfiler une doudoune tellement il fait froid. Le vent nous glace. Le sentier est très fréquenté et le droit d’entrée doit sans doute sécuriser les touristes peu habitués à la randonnée car nous en doublons de nombreux mal chaussés et peu habillés. La descente est très débonnaire et à part quelques passages étroits la gorge reste assez ouverte et peu spectaculaire.
Le paysage est malgré tout joli. Nous pique-niquons de chaussons salés achetés à la boulangerie le matin et en bas nous nous offrons un café dans une taverne à l’abri du vent toujours aussi froid. Nous déclinons les offres des taxis et rentrons à pied par la route jusqu’à Skafion où nous pouvons faire nos adieux à Philippe et Mazout. Puis nous discutons avec Stelios qui est arrivé pour récupérer les kayaks. Nous évoquons la possibilité de faire une dernière étape le lendemain. Nous trouvons des chambres à 25 € sous réserve de ne pas en parler à la concurrence et dinons fort bien en nous laissant un peu tenter par trop de plats que nous aurons du mal à finir.
Vendredi 30 octobre :
Réveil à 6 h pour espérer échapper aux coups de vent. Les courageux sont Patrick et Sandrine et Carole et Pierre. Nous déjeunons rapidement, passons à la boulangerie pour assurer un en cas consistant et gourmand et partons à 7 h 30.
Passé le cap, nous retrouvons un bon vent de force 4 mais les falaises qui bordent la côte nous protègent bien et il y a de nombreux refuges. Autant la veille, en revenant des gorges, la côte semblait quelconque, autant nous la découvrons magnifique vue de la mer. Le rocher, une sorte de conglomérat est percé de nombreuses grottes et a un aspect doré très beau avec le soleil levant. Plus loin, les couleurs chamois alternent avec le gris de la mer, c’est de toute beauté, et la navigation en rase cailloux est plus ludique.
Le vent se calme peu à peu, mais nous restons vigilants car nous sommes dans une zone de forts vents catabatiques qui sont imprévisibles d’après Stelios. Nous passons devant des plages qui auraient fait de bons bivouacs avec déjà un peu de nostalgie. A terre, il y a plus de cultures, et les montagnes au loin sont moins hautes. Après un dernier cap, nous parvenons à la grande plage de Frangokastella.
Le vent nous pousse doucement mais gare aux hauts fonds qui parsèment l’itinéraire. Juste après le dernier cap, à l’extrémité du village, nous entrons dans un petit port ou une rampe nous permet de débarquer tranquillement. Il ne reste plus qu’à téléphoner à Stelios pour qu’il vienne nous chercher.
Lors du retour vers Héraklion, notre guide nous fait longer en voiture une partie de la côte que nous aurions du faire en kayak, de quoi nous donner quelques regrets… Du haut, elle semble magnifique, mais, le kayak de mer en Crête est, compte tenu des reliefs particuliers, plus difficile que nous ne le pensions. Nous sommes bien loin d’avoir réalisé l’itinéraire prévu. Stelios nous avait un peu prévenu, mais nous étions optimistes. Nous y avons malgré tout pris beaucoup de plaisir.
Modalités pratiques :
Sur les conseils de Stelios, nous sommes arrivés en avion à Chania et repartis d’Héraklion, ce qui permet d’optimiser les trajets routiers qui sont assez longs pour aller au départ du périple. Le bus cependant est un moyen pratique et économique pour se déplacer.
Pour la location des kayaks nous sommes passés par « Enjoy Crete », une entreprise qui propose de nombreuses activités et dirigée par Stelios, un kayakiste de mer compétent et efficace pour organiser des séjours comme le notre. Le matériel fourni est de très bonne qualité avec tout le matériel de sécurité nécessaire.
Le lien : enjoy-crete.com
Logistique :
Pas de problème pour se ravitailler. Pour la cuisine, nous avons privilégié les réchauds à essence car nous étions nombreux, mais nous avons vu qu’il y avait des cartouches de gaz qui se clipent (au moins dans les grandes villes) et des cartouches qui se percutent, à peu près partout. Il est aussi facile de trouver de l’alcool soit dans les épiceries, même petites, soit dans les pharmacies.
Nous n’avons pas eu de problèmes pour bivouaquer, demandant malgré tout si cela était possible quand nous étions près d’habitations. Pour se loger dans les villages, il suffit de demander ou de se laisser aborder et d’éventuellement négocier. Le racolage est plutôt bon enfant.
Au point de vue nourriture, il y a tout ce qu’il faut et les boulangeries ont des spécialités salées et sucrées délicieuses. Les biscuiteries sont nombreuses, oubliez les biscuits industriels. On trouve aussi de nombreux fruits secs.
Nous avions pris palmes, masques, tubas et combinaisons de 3mm, compte tenu de la saison, mais,nous n’avons pas vu de fonds exceptionnels, les conditions météo ne nous ont peut être pas non plus été favorables pour faire de nombreuses tentatives.